dimanche

Introduction

Effet papillon : l’effet papillon est une théorie dans laquelle on suppose qu’un infime changement de comportement d’un élément, ou de tout autre chose, peut s’amplifier au fil du temps jusqu’à engendrer des conséquences énormes. Une chose qui semble insignifiante au départ peut au fur et à mesure déclencher des bouleversements immenses.  Un événement même minime peut alors provoquer l’effet papillon…
            Comment est né l’effet papillon ? Qu’est ce que la théorie du chaos ? Pourquoi nous posons-nous tant de questions sur ce sujet ? Est-ce que nous pourrons repérer  dans la vie de tous les jours les domaines dans lesquels un changement minime de nos comportements peut déclencher l’effet papillon ?  C’est à cela que nous allons essayer de répondre.  Dans un premier temps, nous étudierons les origines et les grands acteurs de la théorie du chaos, puis la popularisation de cette théorie sous la forme de l’effet papillon dans la société.

I) D'où vient la théorie du chaos ?

            Newton avait découvert que les systèmes dynamiques*1 était dirigés par des lois simples et déterministes. Pourtant les travaux d’Henri Poincaré, mathématiciens français, ébranlèrent cette théorie. De même beaucoup plus tard, Lorenz un scientifique américain donna naissance à la théorie du chaos suite à des études bien précises de la météo. Les conditions initiales de ces systèmes ont une forte influence sur ces phénomènes.  C’est grâce aux recherches de ces génies que la théorie du chaos fut exposée aux yeux des scientifiques dans les années soixante.  Nous allons donc voir en détail comment ce mystérieux phénomène est apparu aux scientifiques.

*1 Système dynamique : C’est un système qui évolue avec le temps.

1) Les prémices de la théorie du chaos par Poincaré dans le système solaire


Henri Poincaré.
       
            Depuis toujours, la compréhension du système solaire intéresse de près les scientifiques. On pensait que l'univers était un système déterministe*2. Autrement dit, il aurait été un système géant muni de lois simples qu'il suffisait de trouver pour prédire son évolution. Henri Poincaré, un nancéen et un grand mathématicien du XIXème siècle, a reprit les travaux de Laplace, sur le problème des trois corps. Il s'est penché sur le problème consistant à étudier le mouvement de trois corps en interaction gravitationnelle (comme par exemple le système {Soleil - Terre - Lune}, supposé isolé du reste de l'univers). Il s'agissait de déterminer si le système était stable, si l'un des corps allait en percuter un autre, ou encore être éjecté du système. Poincaré a montré qu'une variation minime des conditions initiales ne permet plus de prévoir l'évolution du système de façon déterministe: son comportement semble alors réagir par le seul hasard.


           Pour un système chaotique*3, une très petite erreur sur la connaissance de l'état initial va se trouver rapidement amplifiée: c'est la « sensibilité aux conditions initiales ».
Le déterminisme du système solaire n'est qu'une illusion que l'on peut attribuer à l'échelle utilisée par les scientifiques. En effet, à l'échelle de l'humanité, les planètes suivent des trajectoires elliptiques. Cependant, dans le système solaire, une imprécision de la trajectoire terrestre sera par exemple multipliée par dix au bout de dix millions d'années (c'est le temps caractéristique). Après deux cent millions d'années, cette imprécision d'un centimètre devient un « décalage » d'un million de kilomètres.
C’est pour cela que l’on ne pourra jamais prédire le futur d’un corps car au moindre changement, la trajectoire serait gravement perturbée. C’est l’origine de la théorie du chaos. Henri Poincaré est également l’inventeur de l’attracteur étrange. Un attracteur est un ensemble de courbes ou un espace vers lequel un système dynamique évolue de façon irréversible en l’absence de perturbation.
« Une cause très petite qui nous échappe détermine un effet considérable que nous ne pouvons pas prévoir, et alors nous disons que cet effet est du au hasard. » Extrait de Calcul des probabilités, Henri Poincaré.
            Henri Poincaré était un génie très en avance sur son temps. Il était l’un des rares mathématiciens de son époque à avoir eu l’intuition qu’il puisse exister du chaos dans le système solaire. Il n’a cependant pas été capable de démontrer clairement ce concept, car il ne disposait pas d’un ordinateur capable d‘effectuer tous les calculs nécessaires. Il aura fallu attendre plus d’une cinquantaine d’années, avant que ses idées soient prises au sérieux, et que ses travaux soient poursuivis par ceux d’autres scientifiques.

*2 Système déterministe : A une condition initiale donnée à l'instant présent va correspondre à chaque instant ultérieur un et un seul état futur possible.
*3 Système chaotique : Une variation minime des conditions initiales ne permet plus de prévoir l'évolution du système de façon déterministe : son comportement semble alors régi par le seul hasard.

2) De Poincaré à Lorenz : le progrès.

         Edward Lorenz est un scientifique américain du XXème siècle qui a découvert le principe fondateur de la théorie du chaos. En 1963, soit 74 ans après Poincaré, Lorenz a cherché à mettre en évidence le caractère vraisemblablement chaotique de la météorologie. Il travaillait donc (au Massachusetts Institute of Technology) sur un modèle mathématique dont le but était de prédire la température.
Edward Lorenz, météorologiste au Massachusetts Institute of Technology.

            Il voulut vérifier sur ordinateur une séquence de résultats obtenus la veille. Les ordinateurs de l'époque étaient lents, chauffaient énormément étaient beaucoup moins fiables qu'aujourd'hui. Pour résoudre ces équations, Lorenz les a tout d'abord simplifiées au maximum, jusqu'à obtenir un système de trois équations avec trois inconnues, mais les calculs restaient impossibles à faire à la main. Ses études consistaient à entrer des paramètres précis déterminés au millionième près dans son ordinateur. Ensuite il devait lancer un algorithme et se servir de ses connaissances pour analyser les conséquences météorologiques de ses résultats qu’il venait d’obtenir sous forme de colonne. Pour s'assurer de ses réponses il devait pour chaque manipulation reproduire une deuxième fois ses calculs.


            Afin d’aller plus vite il écourta alors la seconde manœuvre en n’entrant ses paramètres qu’avec une précision au millième près. Lorsqu'il compara les deux séries de résultats, il s'attendait à retrouver des valeurs identiques à celles qu'il avait obtenues précédemment. La surprise fut donc de taille lorsqu'il se rendit compte que ses résultats étaient largement différents. Il pensait alors que l’ordinateur avait fauté. C’est pourquoi, il refit l’expérience plusieurs fois en rentrant des chiffres au centième et dixième près et à chaque fois les résultats ne se ressemblaient pas du tout. Toutefois, l’ordinateur fonctionnait parfaitement…


C'est ainsi que Lorenz redécouvrit le principe fondateur de la théorie du chaos, à savoir que de toutes petites variations entre deux situations initiales pouvaient engendrer, au bout d'un certain temps, des situations finales très éloignées.
Attracteur étrange de Lorenz.
            Grâce à son ordinateur, Lorenz approfondit la notion d’attracteur étrange*4 découverte par Poincaré en représentant graphiquement la solution de son système. Il utilisa deux jeux de valeurs initiales très proches pour tracer la courbe d’évolution de son système météorologique et se rendit compte que même si les deux courbes paraissaient tout à fait similaires au début, elles divergeaient de plus en plus. Les trajectoires ont l’air d’évoluer au hasard mais ne se coupent jamais. L’attracteur étrange de Lorenz ressemble à une double spirale en trois dimensions, comme les ailes déployées d’un papillon.


            Lorenz a su tirer des conclusions suite à son étude de la théorie du chaos : il est impossible de prévoir avec exactitude la météo au-delà d’une à deux semaines.  La théorie du chaos n’est pas seulement applicable à la météorologie et au système solaire : en effet, on peut retrouver du chaos dans tous les domaines sensibles aux conditions initiales. Pour que le grand public puisse comprendre ce concept, il présente en 1972 devant l'Association Américaine pour le progrès des Sciences,  son étude intitulée :
     
  « Prévisibilité : est-ce que le battement des ailes d'un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas ? »


            Cette métaphore fera vite le tour du monde et participera au succès médiatique de l’effet papillon. C’est après cette conférence que la théorie du chaos devint une sorte de mode. Pour ces découvertes, Lorenz a reçu le célèbre Prix Crafoord de l’académie royale des sciences de Suède.

*4 Attracteur étrange : une courbe qui montre tous les états possibles d'un système complexe.

Simulation d'un système chaotique :


Modélisons un système chaotique :

On considère deux populations de bactéries, notées U et V.


Au début de l'expérience, on a :
        u(0) = 200 000 individus
        et v(0) = 200 001 individus.


Cela signifie que la population V ne comprend initialement qu'un individu de plus que U.
On prend :     u(n+1) = f(u(n)) 
                           et v(n+1) = f(v(n)), 
                           où f(x) = 3,8*x*(1 - x/1000).


Ainsi, les évolutions de ces populations suivent toutes deux un modèle logistique : la taille de la population varie proportionnellement au nombre de bactéries et à l'espace disponible.


Extrait du tableau de valeurs de U et V :

nU(n)V(n)
0200200,001
1608608,00228
2905,6768905,6749286
3324,620069324,6258389
4833,1191432833,1268337
5528,3202184528,3007481







...
23939,0670197905,1852774
24217,4365784326,1345857
25646,6000686835,1291073
26868,3319955523,2162296
27434,4598561947,9518254
28933,6770602187,4888161







...
95393,1646234940,519486
96906,6275688212,5818135
97321,6852771636,084987
98829,1746665879,62733
99538,247348402,3557433
100944,4411334913,7692767









Représentation graphique de U et V :       (Veuillez cliquer pour agrandir)




Finalement, les deux populations suivent un même modèle mathématique et la différence entre leurs valeurs initiales n'est que d'une unité. Pourtant, au bout de 25 minutes, leurs évolutions ne sont plus du tout similaires. On retrouve bien les conclusions de la partie précédente, à savoir celles d'un système chaotique.



II) Diffusion de la théorie



    


   La théorie du Chaos est l’une des seules théories mathématiques à avoir acquis un réel succès médiatique. Le nom étrange de cette découverte scientifique attise la curiosité de tout un chacun, la réduisant au terme de « théorie à la mode », qu’il est bon de citer.

Mais la médiatisation d’une théorie si complexe ne s’est pas faite naturellement, car il est rare qu’une théorie mathématique attire l’intérêt de la population, ne se sentant pas concernée par toutes les nouvelles découvertes scientifiques. Afin que la Théorie du Chaos, plus connue sous le nom d’ « Effet papillon », arrive à nos oreilles, les mathématiciens ont dû simplifier leurs trouvailles et compter sur l’aide (pas toujours judicieuse) de grands noms du cercle littéraire et artistique. 





Sondage

          
Nous avons soumis 25 élèves de 1ère Scientifique à plusieurs questions :
1.       Connaissez-vous l’effet papillon ? Si oui, où en avez-vous entendu parler ?
2.       Seriez-vous définir l’effet papillon ?
3.       Connaissez-vous la théorie du chaos ?

Résultats obtenus
Questions posées à 25 élèves de 1ère S
Réponse: Oui
Réponse: Non
Connaissez-vous l'effet papillon ?
20
5
Pouvez-vous expliquer l'effet papillon?
14
11
Connaissez-vous la théorie du chaos ?
1
24







Sur les 14 élèves à avoir répondu oui à la question « Pouvez-vous expliquer l’effet papillon ? », seulement deux d’entre eux ont donné une réponse approximativement exacte. Pour les 12 autres élèves leurs définitions étaient très floues, inexactes ou hors sujet…



Exemples de réponse :
« Petit acte = Grande conséquence » : cette réponse n’est pas assez précise, l'effet papillon pouvant être provoqué par un chiffre, une exactitude, un changement de position…
De plus, cette phrase semble tirée de la chanson de Bénabar, que nous étudions plus bas.
« L’effet papillon est le fait qu’un battement d’aile d’un papillon peut provoquer une tempête à l’autre bout du globe » : cette affirmation est fausse car cette théorie n’a jamais été prouvée. Lorsque Lorenz prononça sa célèbre phrase « Est-ce qu’un battement d’aile d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ? » elle ne restait qu’une question sachant que la réponse resterait impossible à trouver. Donc affirmer cela est un abus de langage.
Ces exemples montrent bien que la société connaît l’effet papillon mais ne sait pas la définir.
Quant à la théorie du chaos,  seule 1 personne sur cette classe de 25 connaissait cette théorie. Cela montre bien qu’elle a une place beaucoup minime dans la société par rapport à l’effet papillon. Pourtant, la théorie du chaos est la base de toutes les recherches. Elle a donc été vulgarisée par l’effet papillon, que tout le monde connaît mais que personne ne comprend.                                   

Questions posée
Réponses
Livres
 BD
Chanson
Films
TV
Internet
Où  avez-vous entendu parler de l’effet papillon?
2
1
10
7
5
3






Les élèves ont entendu parler de l'effet papillon grâce à la télévision, à la musique, au cinéma, à internet, et à la littérature. Mais si la plupart des lycéens ont mal répondu à la question « Pouvez-vous expliquer l’effet papillon », c’est qu’ils avaient été mal informés. Par conséquent, cela signifie que les livres, les films, les bandes-dessinées, les chansons et même certains sites internet donnent une mauvaise image et expliquent l’effet papillon aux jeunes de manière vague et sommaire.

1) Papillon de Lumière, sous les projecteurs. (Vulgarisation)




Afin que cette théorie complexe devienne accessible, il est nécessaire qu’elle soit compréhensible pour tout un chacun. Pour cela, les scientifiques ont vulgarisé cette théorie.

 




Henry Poincaré fut le premier à la simplifier dans son ouvrage  « La science et l’hypothèse », sur la philosophie des sciences.






 Pourtant, tout commença lorsque Lorenz publia ces travaux et prononça sa célèbre phrase lors d’une conférence en 1972 :

« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas»


Cette question est en effet irrationnelle. Comment un papillon, de taille minime, peut-il déclencher une tornade, phénomène climatique important et ce à l’autre bout du monde ?! C’est sûrement cette comparaison de cause à effet impossible à imaginer qui la rend si attirante.
Cette image a donc fait fortune et a été reprise par tous les auteurs qui traitent du chaos. C’est devenu le symbole de la théorie, l’emblème de ce concept.
Elle a permis de vulgariser la question que se posaient les scientifiques, et de propager ainsi une théorie mathématique derrière un slogan accrocheur.


Cette jolie métaphore fut reprise de nombreuses fois par la culture de masse, prenant parfois la liberté de changer les lieux. Ainsi dans le journal Libération de 92, un papillon à Shanghai entraîne un orage à New-York, alors que le papillon se trouve en Chine et déclenche un cyclone en Floride, dans le même journal, deux ans plus tard.



Ivar Ekeland suivit Poincaré dans sa volonté de rendre accessible la théorie. Dans son livre « Le Chaos », le mathématicien philosophe nous amène à nous questionner sur la place des mathématiques dans les sciences. Il a proposé un exposé pour comprendre et un essai pour réfléchir. Son œuvre de vulgarisation a d’ailleurs inspiré Michael Crichton. Cet écrivain de science-fiction, scénariste et producteur de films américains s’est inspiré des travaux d’Ekeland sur la théorie du Chaos pour la création d’un de ses personnages fictifs. Son héros, Ian Malcolm, est donc un mathématicien défenseur de la théorie dans son célèbre livre Jurassic Park, adapté sur grand écran.
A travers lui, il défend l’imprévisibilité de la vie et l’impossibilité de la contrôler. 


La littérature est présente dans la théorie du Chaos. En effet, Edward Lorenz pourrait s’être inspiré du roman météorologique Storm, de George Stewart (1941), qu’il a lu étant enfant, et dans lequel on apprend qu’un homme éternuant en Chine peut déclencher une tempête de neige sur New York, pour trouver sa métaphore.

La littérature est donc une part importante de la vulgarisation d’une théorie.


Etude la chanson "L'effet papillon" de Bénabar




L’effet papillon est une théorie selon laquelle une infime variation de comportement ou autre chose peut provoquer des conséquences énormes sans en avoir eu l’intention, sans même avoir pensé aux conséquences que cela pouvait engendrer.  Cette théorie est le fruit de plusieurs chercheurs, tels que Lorenz, qui prononça un jour, lors de la publication de son travail, sa célèbre phrase : « Un battement d’aile d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». Mais, l’origine même de l’effet papillon est la théorie du chaos dont le concept est, que de toutes petites variations entre deux situations initiales peuvent produire, au bout d’un certain temps, des situations finales très éloignées.
Nous allons donc étudier la chanson « Effet papillon » de Bénabar, pour monter à quel point elle propose une image faussée de la théorie, et même de l'effet papillon.



Paroles de la chanson

Si le battement d’aile d’un papillon quelque part au Cambodge
Déclenche sur un autre continent le plus violent des orages
Le choix de quelques uns dans un bureau occidental
Bouleverse des millions de destins surtout si le bureau est ovale
Il n’y a que le l’ours blanc qui s’étonne que sa banquise fonde
Ca ne surprend plus personne de notre côté du monde
Quand le financier s’enrhume ce sont les ouvriers qui toussent
C’est très loin la couche d’ozone mais c’est d’ici qu’on la perce
C’est l’effet papillon petites causes, grandes conséquences
Pourtant jolie comme expression, petites choses dégâts immenses
On l’appelle retour de flamme ou théorie des dominos
Un murmure devient vacarme comme dit le proverbe à propos
Si au soleil tu t’endors, de biafine tu t’enduiras
Si tu mets une claque au videur, courir très vite tu devras
Si on se gave au resto c’est un fait nous grossirons
Mais ça c’est l’effet cachalot, revenons à nos moutons (à nos papillons)
Allons faire un après midi aventure extra conjugale
Puis le coup de boule de son mari alors si ton nez te fait mal
C’est l’effet papillon c’est normal fallait pas te faire chopper
Si par contre t’as mal au front ça veut dire que c’est toi le mari trompé
Avec les baleines on fabrique du rouge à lèvres, des crèmes pour fille
Quand on achète ces cosmétiques c’est au harpon qu’on se maquille
Si tu fais la tournée des bars demain tu sais que tu auras du mal
Pour récupérer à 8h ton permis au tribunal
C’est l’effet papillon petites causes, grandes conséquences
Pourtant jolie comme expression, petites choses dégâts immenses
Le papillon s’envole
Le papillon s’envole
Tout bat de l’aile
Le papillon s’envole
Le papillon s’envole
Tout bat de l’aile     
                                                 
 


Clip vidéo




Etude du texte


« Si le battement d’aile d’un papillon quelque part au Cambodge
Déclenche dans un autre continent le plus violent des orages »

-  Cela fait référence à la phrase de Lorenz, mais le lieu et la catastrophe naturelle sont modifiés. L’autre partie de la phrase a été complètement remaniée. De plus, nous observons la présence du « Si » qui, dans cette phrase ,sous entend « donc ». Or, la métaphore de Lorenz est une question, non une affirmation.

« Le choix de quelques uns dans un bureau occidental
Bouleverse des millions de destins surtout si le bureau est ovale »

- La vulgarisation de la théorie est flagrante. « Les choix » dont Bénabar parle, sont pris avec grands soins et ont demandé beaucoup de réflexion, car ils sont pris à la Maison Blanche . On ne parle donc plus de causes minimes mais très sérieuses.
« C’est l’effet papillon petites causes, grandes conséquences                                                             
Pourtant jolie comme expression, petites choses dégâts immenses »
- Dans cette phrase je peux relever « jolie comme expression » L'effet papillon est donc devenu commun, et utilisé à outrance dans le langage courant. Il a complètement été sorti de son contexte mathématique. A présent, c’est une EXPRESSION…
« On appelle retour de flamme ou théorie des dominos »
  - C’est une périphrase car l’effet papillon a même des surnoms. C'est-à-dire qu’il peut être remplacé par d’autres expressions populaires.
« Si au soleil tu t’endors, de biafine tu t’enduiras
Si tu mets une claque au videur, courir très vite tu devras
Si on se gave au resto c’est un fait nous grossirons
 »
   - Ces exemples sont ridicules. Se gaver, mettre une claque ou encore dormir en plein soleil sont des actes que nous avons choisi d'effectuer, en connaissant très bien les conséquences « Si ». Dans ces cas là, il ne faut donc pas parler d’effet papillon mais de libre-arbitre.  « C’est un fait » = c’est normal, c’est logique = connaissance des conséquences.
« Allons faire un après midi aventure extra conjugale
Puis le coup de boule de son mari alors si ton nez te fait mal
C’est l’effet papillon c’est normal fallait pas te faire chopper
Si par contre t’as mal au front ça veut dire que c’est toi le mari trompé
»            
 Là aussi l’effet papillon, et donc la théorie du chaos, sont très mal utilisés. S'en servir pour illustrer pour un drame conjugal,  lui fait perdre tout son prestige scientifique.
Et cela continue comme cela durant toute la chanson. L’effet papillon n'est pas une seule fois utilisé à juste titre. La chanson parle toujours de conséquences que l’on peut facilement prédire : «Si tu fais la tournée des bars demain tu sais que tu auras du mal  pour récupérer à 8h ton permis au tribunal ». Ou encore des choix que l’on fait en y ayant réfléchi…  Pourtant l’effet papillon et la théorie du chaos sont, au départ, tout à fait à l’opposé de cette chanson.
Si on veut pouvoir utiliser l’effet papillon il faut avoir :
-fait un choix peu important, qu’on aura pris sans grande considération, en ignorant COMPLÈTEMENT les conséquences que cela peut avoir sur la suite des évènements                         
-changé les conditions initiales 
-un résultat, des conséquences auxquelles on ne s’attendait pas une seconde.


Conclusion
Nous avons aussi pu remarquer que l’effet papillon est fortement vulgarisé dans cette chanson. On lui donne des surnoms, on la caractérise comme une expression. Le seul fait d’avoir transformé cette théorie, au départ purement mathématique, en une chanson qui traite de sujets divers comme l’adultère ou l’alcool, est une preuve flagrante de popularisation et de vulgarisation abusive. A présent, cette découverte est devenue un objet de vente. On lui retire son charme et on oublie son histoire et sa signification. La chanson de Bénabar semble ici mal nommée, puisqu'elle tend à décrire le phénomène de cause à effet.

Etude d'un du film Mr Nobody

 Le film
Mr. Nobody est un film américain du réalisateur belge Jaco van Dormael. Avant de réaliser ce film, Van Dormael a écrit un livre du même nom, paru en novembre 2006. Le film, quant à lui, est sorti le 13 janvier 2010. Il est notamment interprété par Jared Leto et Diane Kruger.

Résumé : Un enfant sur le quai d'une gare. Le train va partir. Doit-il monter avec sa mère ou rester avec son père ? Une multitude de vies possibles découlent de ce choix. Tant qu'il n'a pas choisi, tout reste possible. Toutes les vies méritent d'être vécues.

EXTRAIT DU FILM




Cet extrait nous présente l’Effet papillon. Mais est-ce une image faussée ? Est-ce véritablement comme cela que l’Effet papillon se produit ?

Pour cela, nous avons découpé cet extrait en plusieurs parties pour mieux pouvoir l’expliquer.


ETUDE DE L'EXTRAIT
·         De 0.00s à 0.010s : On entend des sons diégétiques (oiseaux, vent…) pour avoir une sensation légère, se sentir à l’aise avec les personnages. Le plan de la caméra est normal, plan d’ensemble, et cette dernière a adopté un mouvement fixe à la hauteur des yeux des deux acteurs. Comme s’ils s’adressaient directement à nous. De plus le décor  de cette scène est très simple pour mettre en avant l’objet central, le canapé rouge (jeu de couleur), et donc les personnages. Ils sont vêtus d’habits qui rappellent les années 70. Au bout de 6 secondes, il y a une voix off qui se rajoute.

·         De 0.10s à 0.19s : L’acteur assis sur le canapé et placé au centre de la pièce parle, il s’adresse en quelque sorte à nous. C’est la première action. Au bout de la 16ème seconde on observe un changement de plan, on passe à un plan rapproché sur ce personnage. Ce plan est dû à l’importance de la question posée par l’acteur : « Avez-vous déjà entendu parler de l’effet papillon ? » Cette phrase est très importante c’est elle qui va déclencher toute la suite des évènements de cet extrait. C’est d’ailleurs après cette phrase que nous allons pouvoir entendre la chanson extra diégétique qui se nomme Everyday et qui est chantée par le groupe The Crickets. En ce qui concerne la position de la caméra elle reste fixe et son angle est toujours normal. 

·         De 0.19s à 0.24s : La scène se passe dans un lieu complètement différent. Nous pouvons penser que cela se passe au Japon car l’homme présent a les yeux bridés et le décor peut faire penser aux jardins exotiques de ces pays, comme les fleurs blanches qui rappellent les fleurs d’un cerisier japonais. Le papillon présent en bas à gauche, est mis en avant par la couleur blanche des fleurs et cela fait ressortir le papillon de couleur brune orangée. L’angle de la caméra reste normal et la caméra ne bouge pas même quand le papillon s’envole. Mais le personnage suit le papillon du regard ; c’est le mouvement de sa tête qui met en lumière le déploiement du papillon.

·         De 0.24 à 0.29 : Le mouvement de la caméra est en traveling, elle suit le papillon dans son déplacement. On a une mise en avant du vent par le mouvement des coquelicots, on voit bien que le vent souffle et on l’entend aussi car il y a un son diégétique qui caractérise le bruit du vent. On peut imaginer que c’est le papillon qui provoque cette intempérie, car l’image est floue est donc montre la rapidité de son déplacement. L’angle de prise de vue de la caméra est encore normal.

·         De 0.29s à 0.37s : Ici la caméra change d’angle de prise de vue ;  elle est d’abord en plongée et ensuite à 0.32s elle est en contre plongée. La caméra  a un mouvement fixe et après, à la 34ème seconde, son mouvement change en traveling.  Nous nous trouvons dans une forêt, entourés d’arbres. Le papillon s’est comme transformé en une feuille. Ils ont la même couleur (brun orangé), une forme similaire et ils voltigent de la même manière dans le vent. Le vent est encore très présent dans cette partie de la vidéo. Il est même encore plus important car maintenant ce sont des arbres qu’il fait bouger et non plus des coquelicots. Le bruit du vent s’est aussi amplifié, c’est une autre manière de monter son intensité croissante. Nous pouvons voir sur cet extrait que plus la vidéo avance plus le vent croît !                                                                                                                                


·         De 0.37s à 0.39s : C’est une sorte de pause dans le déroulement de l’effet papillon. Elle matérialise le chemin parcouru par la feuille, par le vent. Le ciel représente en quelque sorte le voyage de l’effet papillon dans le temps. La caméra a un mouvement fixe et son angle est normal.

·         De 0.39s à 0.52s : Le plan de la caméra est en plongée et son mouvement est panoramique et en plus il ya un mouvement de zoom avant. Nous partons du ciel pour « descendre sur Terre ». C’est une sorte de lien entre le ciel et la terre, cela nous permet de nous situer, de savoir où nous nous trouvons. Ici on peut voir que l’on est dans un charmant quartier bien ordonné (beaucoup de symétries).

·         De 0.52s à 0.53s : La feuille apparaît brusquement à l’image. La caméra stoppe alors son mouvement panoramique mais le zoom continue, toujours en plongée.

·         De 0.53s à 1.00s : Le mouvement de la caméra est en traveling optique. Le personnage arrive par la droite de l’image ; mais la feuille reste l’élément principal. La caméra suit la feuille qui voltige comme un papillon. Et  petit à petit, on voit apparaître les détails. L’angle de prise de vue est toujours en plongée.

·         De 1.00s à 1.04s : Mouvement en traveling et  rotation de la caméra autour du personnage. La caméra suit toujours la feuille et a un angle qui est passé de la position en plongée à celle normale. La feuille vient ensuite se poser sur le trottoir, elle atterrit après un long voyage

·         De 1.04s  à 1.07s : Zoom arrière pour avoir une meilleure vue d’ensemble, d’ailleurs on peut voir une parfaite symétrie à l’endroit où est tombée la feuille et donc, par conséquent, à l’endroit où est tombé le personnage, qui est mis en avant par la couleur jaune de la boîte aux lettres, mais aussi des deux portes (symbole de le rencontre). L’endroit où tombe l’homme = centre de symétrie.

·         De 1.07s à 1.09s : Zoom arrière (pour la deuxième fois) en plan normal. Lors de ce zoom arrière entrée fracassante de la femme. Avec un jeu de couleur car elle est habillée tout de bleu, couleur  féérique. Ici la symétrie est encore plus frappante !!!

·         De 1.09s à 1.11s : Gros plan sur le visage de la femme. Pour monter sa réaction, pour mieux faire transparaître ses sentiments pour le téléspectateur. Elle a l’air surprise mais heureuse à la fois. Elle met la main dans ses cheveux, c’est un geste de trouble intérieur.

·         De 1.11s à 1.14 : Gros plan sur l’homme qui a exactement la même réaction que la femme. Cela est peut être dû à des caractères physiques qu’ils ont en commun tels les yeux ou les cheveux.

·         De 1.14s à 1.26s : Gros plans successifs sur la femme et l’homme assez rapide (intensité du coup de foudre). Peu à peu un sourire se forme sur leurs visages. En plus de la musique qui perdure depuis la 16ème seconde de l’extrait vient se rajouter la voix off et le son diégétique de la foudre. A partir de cet élément nous pouvons faire l’hypothèse que,  le vent,  qui ne cesse d’augmenter au fur et à mesure de l’extrait se transforme en un orage. Mais nous pouvons aussi supposer que la foudre est en fait une personnification de l’amour : « le coup de foudre ». 

Conclusion
Dans cet extrait Van Dormael décide de matérialiser l’effet papillon en appliquant mot à mot la phrase prononcée  par Lorenz : «  Est-ce qu’un battement d’aile d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ? ». Mais  Lorenz n’a jamais affirmé cette théorie. D’ailleurs, il savait pertinemment que l’on ne pouvait pas avoir la réponse à cette question dans la société, car au moindre changement des conditions initiales tout pouvait être chamboulé. Autant en météorologie il pouvait approximativement trouver un résultat avec une marge d’erreur mais le résultat ne pouvait prédire le temps que sur deux semaines.
La théorie que modélise ce réalisateur est donc un peu ambitieuse car  ces évènements ne peuvent avoir  eu  lieu à cause d’un battement d’aile d’un papillon.  C’est un exemple type de la vulgarisation de la théorie du chaos dans la société.